DÉVELOPPEMENT

TOGO| Municipales 2025: KODJO...à la conquête de Yoto 3

La Rédaction - 3 juillet 2025 16:09 Temps de lecture 1 mn
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A un peu moins de 40 ans, Brice Kodjo se lance dans la course, à la conquête du cocon familial. Le brillant fils d’Agbéyomé Kodjo descend et remonte les sentiers sinueux de la commune qui a vu naître son père pour en prendre les rênes. Avec la discrétion qui le caractérise, entre hommage à son géniteur et envie, pour ce diplômé de Paris 1 Panthéon Sorbonne, de servir son peuple. Portrait d’un lionceau qui n’aime pas le bruit...

«Rugir» ? Il n’aime pas le verbe. Brice Kodjo, presqu’inconnu du grand public est un homme discret. Chez lui à Lomé où il prépare une réunion préparatoire de cette campagne qui s’est ouverte le 1er juillet, il n’entend pas rater ses prières. Musulman sur le tard, il se sépare rarement de son chapelet. Dans le couloir, deux images de ceux qu’ils portent comme «père», Amadou Gon Coulibaly, l’ancien Premier ministre ivoirien dont il fut l’adopté et sous la photo duquel est inscrit «Le Lion qui ne rugit point» comme si, pour l’ancien élève de l’école de commerce de Paris (ou ancien élève de l’université d’économie et de gestion de Clermont-Ferrand) qu’est Brice Kodjo, «rugir, c’est déjà faire trop de bruit». Sur l’autre image, une photo main dans la main, avec son feu père, Agbéyomé Kodjo. «C’est flatteur d’être enfant de deux premiers ministres», plaisante-t-il après la prière. D’ailleurs, la dernière image publique du «futur maire de Yoto 3» fut de le voir, cloué de douleur en avant du corbillard qui ramène d’Accra, son père qui y a perdu la vie. Depuis, prendre la tête de la mairie qui couvre Tokpli, son village, c’est aussi «rendre hommage à papa».

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Une commune qui mérite mieux

A Tchékpo, ce 1er juillet, il entame la campagne par un accueil chaleureux que les populations ont réservé aux trois têtes de liste du MPDD, le parti du père. A ses côtés, quelques élus sortants et une foule d’amis. «Une campagne s’ouvre à l’entrée des terres», s’amuse-t-il comme si la débuter là même où commence la préfecture de Yoto, c’est déjà la gagner. Pour ce communicant, à cheval entre journalisme et communication politique, la pré-campagne débutée depuis plusieurs mois est baptême de feu. En harpant les nids de poules, les routes impraticables de la commune, il balbutie, furtif et colérique, «la commune mérite mieux». Il ne digère pas non plus la catastrophe orchestrée par le maire sortant, qui est d’ailleurs de son parti avant, en traite avisé, de s’offrir une bifurcation de Judas. Pour être candidat. «Je vais d’abord pour le battre, lui, puis prendre la mairie», prophétise celui qui est tout de même prudent. Il faut le dire, le comportement du maire-sortant est pour lui une «dissidence offensante». Au-delà du fait d’être le fils de son père, Brice Kodjo est avant tout bien bâti pour le poste.

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Profil adapté

Les coulisses de la politique, c’est avant tout au sein de la jeunesse UMP, ancien parti de la droite française où, aux côtés de Nicolas Sarkozy, il fait ses premières écoles. Plus tard, en Côte d’Ivoire, c’est plutôt en «communicant» qu’il atterrit au Rassemblement des houëphouétistes pour la démocratie et la paix, RHDP. Il a conseillé en communication Amadou Gon Coulibaly, mais aussi des barons du parti au pouvoir en Côte d’Ivoire. Car Brice Kodjo, c’est aussi un Master 2 en «administration électorale» décroché en 2023 à l’université Paris Panthéon Sorbonne. Avant, ce fut tout de même un impeccable parcours à l’université de Clermont Ferrand, puis en école de commerce à Paris après le lycée français de Lomé. En termes de profil, il y va haut les mains, même s’il ne le clame point. Le fait d’avoir passé une grande partie de sa vie en Europe, il n’en fait point un handicap. «J’ai grandi à Lomé, j’y ai fait mes études secondaires et depuis que je vivais à Paris, je rentrais tout de même tous les 2 mois», se défend celui qui fut aussi conseiller de son feu père, l’ancien Premier ministre togolais, Agbéyomé Kodjo. Il a écrit un projet de société pour la commune comme si, pour lui, le développement était au-dessus de toutes les querelles. «Je veux gagner et travailler, je ne veux pas polémiquer» esquisse-t-il ironiquement.

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Le développement à tout prix

A la rencontre des femmes du marché de Gboto, Brice Kodjo improvise un éloquent discours en éwé, langue majoritaire au Togo. «On ne dirait pas que vous venez d’Europe», se moque la responsable de ces femmes dont il note, l’une après l’autre, les doléances. Pour le candidat, «on ne peut pas ajouter chaque mois une nouvelle taxe», s’emporte-t-il, quand les femmes font la litanie de nouvelles taxes imposées par l’équipe sortante. «Nous allons nous entendre avec les grandes entreprises pour qu’une partie des taxes soient couvertes», promet Brice Kodjo qui entend axer son action autour de la santé et de l’éducation. «Comment peut-on être maire pendant 6 ans sans construire un seul dispensaire ?» s’interroge le Vice-président de MPDD qui rassure : «Au pire, je sortirai de l’argent de ma poche pour vous offrir une maternité». A l’image de son feu père, Brice Kodjo, c’est aussi un alliage de sincérité, de générosité, de spontanéité et de sensibilité. Pour lui, il faut réduire les taxes communales autant que possible, soutenir le commerce local, créer un pan touristique et faire appel à la diligence des grandes entreprises. «Le développement, ce sont des femmes et des hommes en bonne santé qui travaillent pour leur communauté», décline celui qui, chaque matin avant de commencer sa campagne et chaque soir, quand il l’a finie, s’incline devant la tombe de son père, dans la cour familiale à Tokpli.

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Ligne droite

Le futur maire de Yoto 3 veut s’inscrire aussi dans la ligne droite d’une politique nationale déjà portée par Faure Gnassingbé. «Il a une vision percutante, si nous ne l’aidons pas à y arriver, on échouera tous», insiste Brice Kodjo pour qui, un maire, c’est la continuité du pouvoir central, «avec quelques touches locales» et une envie de faire rayonner sa commune. Brice Kodjo peut compter sur divers réseaux aussi bien en Afrique qu’en Europe. Il est proche d’une chaine de maires et d’élus locaux de la droite française, mais il est pour des partenariats sud-sud. Proche de la majorité présidentielle en Côte d’Ivoire, proche d’Ousmane Sonko, Premier ministre du Sénégal, pays avec lequel il a des liens d’alliance, il ne veut laisser aucune opportunité. «Les pays d’Afrique peuvent s’aider entre eux», pense-t-il, certain que les jumelages sud-sud sont pertinents, utiles et proches de nos réalités.

Père de famille, il veut donner une place, dans sa commune, à la petite enfance, un pan de la société oubliée totalement par l’équipe sortante. «L’une de mes premières réalisations sera un parc pour enfant». Et chaque fois que j’aurais des difficultés, je sais à qui m’adresser, «le président de la République pour qui le développement de nos communes est une priorité», conclut-il.

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